[4300] Bataille de Chi Inanis

Pieds et poings liés ?

Tusk écouta les réponses de ses deux partenaires la mort dans l'âme, s'efforçant dans le même temps d'imaginer comment il allait bien pouvoir expliquer à l'Amirale Corde comment il avait laissé deux maniaques de la gachette jouer avec sa vie, et faire piou piou dans des gens qui, à l'évidence, cherchaient uniquement de quoi manger. Il était évident que cette rencontre allait établir un précédent avec toutes les forces en présence, et en particulier avec ces pirates. Les reliquats de la Fédération entraient en New Eden en flanquant de bons gros coups de pieds dans les fourmilières, comme ils l'avaient toujours fait. Ce n'était pas demain la veille qu'ils allaient se faire des amis ici.

Oui, il y avait eut des morts. Oui il y avait eut bataille. Affrontement entre deux camps, au bord de la destruction, pour les maigres ressources qui allaient permettre leur survie. Et plutôt que de coopérer, on allait repartir pour des tirs de mitraillette à tout va, et des cadavres dans les coursives. Bon ... Il ne pouvait pas garantir que dans la position du commodore, l'amirale n'aurait pas également expédier tout ça à coup de fusil d'assaut. C'était bien son style après tout. Mais il savait aussi qu'elle avait toujours eut beaucoup de compassion pour les plus faibles, et qu'elle interprétait son rôle de soldate comme celle d'une protectrice. Et dans le cas présent, les gens qui leur avaient tirer dessus, leur avait tirer dessus parce qu'ils n'avaient plus d'autres options, et qu'ils refusaient de mourir de faim, de manque d'eau, de médicament ou d'oxygène ... comme des chiens. Et ils en avaient probablement autant bavé que les équipages fédéraux.

Mais bon. Tusk était un soldat. Et il était capitaine. Et Panaikos était Commodore. Et Corde était amirale. Et il y avait une raison à cette différence de grade. Il n'avait pas leur expérience du commandement, et encore moins la capacité de juger à leur place. En revanche, il pouvait au moins s'assurer d'une chose. Il reprit à destination des Procyoniens.

[Cpt. M. Tusk] Je me dois de vous signaler que je désapprouve fermement votre décision monsieur. Mais j'obéirai. Cependant, j'aimerai que ce soit mes hommes qui mènent l'attaque. Nous avons un compte à régler avec ces pirates, et c'est de notre cheffe dont il s'agit. Il me semble légitime que ce soit les Marines du Stepanakert qui remplissent la mission d'abordage.

Modération de l'abordage

Do I really look like a princess in distress ?

A genoux, les deux mains dans le dos, liées par des rizzlas, Ori'n avait observé toute la conversation sans dire un mot. Elle n'en dit pas plus quand le capitaine Brian coupa la transmission en attendant le retour de ses victimes. Elle ne le regarda pas, restait les yeux dans le vague, droit devant elle, avec un air déterminé. Son regard ne trahissait aucune appréhension, aucune crainte. Rien. Mais dans les faits, elle était morte de trouille.

Affronter la mort à bord d'un cuirassé n'avait rien à voir avec la crainte de recevoir une balle en pleine tête. Là, la sentence lui paraissait plus tangible, plus immédiate. Et la menace bien plus réelle. Elle ne voulait pas parler, de peur que son attitude et le masque qu'elle était parvenue à enfiler ne s'effondre en quelques instants. Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter d'embarquer à bord de cet esquif pirate ? A quel moment elle avait bien put se dire que tout ça était une bonne idée, et que ça finirait bien ? Elle ne vit pas les dix minutes s'écouler. Quand les fédéraux rappelèrent pour dire qu'ils acceptaient la proposition, elle ne montra pas le soulagement qui l'envahissait.

Surtout, qu'ils ne jouent pas aux cons. C'était de sa vie dont on parlait. Et Brian était un type sensé. Il ne flinguerait pas une amirale de la FTU pour quelques cargos. On pouvait discuter. Et si on lui donnait ce qu'il voulait (et la DSF avait des tonnes de ravitaillement de côté), il s'en irait sans demander son reste et ne ferait plus chier personne. Alors surtout, pas de conneries.

Hélas ils firent des conneries. Quand les portes des vaisseaux de ravitaillement s'ouvrir pour laisser les pirates inspecter la cargaison, un déluge de balle envahit les coursives des ponts inférieurs. On entendait les coups de feu jusque sur le pont. Ori'n vit le chef pirate se déconfire devant elle. A l'évidence, le bonhomme n'avait jamais eut l'intention de presser la détente. Elle commençait même à se demander s'il en était capable. Donner l'ordre de tirer sur une boite de conserve était bien plus facile que de regarder quelqu'un mourir droit dans les yeux. Et ça, Ori'n en savait quelque chose. Elle avait exécuté six de ses propres officiers de sa main à ce jour. Elle se ressaisit donc, et fit ce qu'elle crut juste alors que les pirates sur la passerelle courait en tout sens pour s'emparer d'armes et défendre leur vaisseau.

[Adm. O. Corde] Brian ! Lança-t-elle au capitaine qui tournait sur lui-même, les yeux écarquillés, avec l'air de ne pas en revenir. Brian ! Ici ! Regardez-moi !

Le Capitaine sembla se rappeler qu'il avait un otage, et se tourna dans sa direction. Il dégaina son arme, la braquant dans sa direction. Mais sa main tremblait, et son regard trahissait d'avantage la peur et la détresse que la colère ou la haine.

[Adm. O. Corde] Ne jouez pas au con capitaine. Ecoutez-moi. Vous pouvez encore sauver votre équipage, et vous pouvez encore vous sauver vous. Baissez votre arme, et donnez leur l'ordre de se rendre.

Brian sembla chanceler un instant, Ori'n poussa son avantage. Mais lorsqu'elle fit un pas dans sa direction, tout l'équipage sur la passerelle braqua ses armes dans sa direction, et Shaun Kelly Brian raffermit sa prise sur son arme.

[Adm. O. Corde] Capitaine Brian, reprenez-vous. Vous allez abattre un officier de la fédération comme ça ? Sur votre pont ? Vous êtes déjà foutu. Si vous m'écoutez, et que vous faites ce que je vous dis, il n'y aura peut-être aucune conséquence néfastes pour votre équipage. Réfléchissez, et prenez la décision qui s'impose. La bonne décision.

Brian rabaissa son arme de quelques centimètres.

[Adm. O. Corde] Ecoutez Brian ! Il y a au moins une des flottes fédérales là dehors qui répond à mes ordres. Et je ne donnerai jamais l'ordre d'abattre quelqu'un qui agit par loyauté envers les siens, et avec honneur. Les lois de la fédération et les règlements ne veulent plus rien dire ici. Pour personne. Ce sont nos choix et nos décisions qui nous définissent. Vous avez fait ce que vous avez fait pour aider les vôtres. On a été vos victimes. Et c'est ce qui nous place de part et d'autre de la barricade. C'est moche. Mais c'est comme ça. Si vous imaginez que je vais commencer à exécuter tout ceux qui essaient de voler pour survivre dans cette galaxie, il ne restera plus beaucoup d'humains pour la peupler dans les décennies à venir. Personne n'est idiot Capitaine. J'ai bien compris que votre choix était le seul nécessaire, et le seul possible. Et je ne vous juge pas pour ça. Une fois encore, j'aurai probablement fait la même chose à votre place. Maintenant, Posez. Cette. Arme. Et dites à votre équipage de se rendre.

Test de Charisme pour Ori'n Corde

Do I really look like a princess in distress ?

Ori'n se tenait debout au milieu du pont. La demi-douzaine de pirates qui restaient pour le défendre baissèrent leurs armes tandis qu'elle pointait le communicateur au capitaine d'un signe de la tête. Il s'en empara et transmis ses ordres. Le Cargo se rendait.

Quand les Marines du Stepanakert pénétrèrent sur le pont, ils trouvèrent Ori'n, toujours à sa place, avec le capitaine dans son dos qui coupait ses liens. Ce dernier recula de quelques pas et vint se placer au milieu du pont, les mains en l'air. On évacua les autres pirates. Ori'n tomba littéralement dans les bras du Major M'Bala quand ce dernier la rejoignit.

[Mjr. N'Dhya M'Bala] Houlà Amirale, tout doux. On va vous ramener à bord, vous allez faire une bonne sieste d'une semaine, et toute cette histoire sera bientôt oubliée.

Ori'n hocha simplement la tête en signe d'assentiment. Elle était en état de choc à l'évidence, et les Marines du Stepanakert, bien plus habitués à cette situation qu'elle, firent tout pour lui remonter le moral. Bien sûr, elle était une militaire. Bien sûr elle avait un entraînement, une préparation, qui faisait d'elle quelqu'un de tout à fait capable de gérer ce genre de choses. En théorie. Mais c'était la toute première fois qu'elle se faisait prendre en otage. Elle avait le droit d'être un peu chamboulée tout de même ...

Toutefois, cet état de choc ne dura que le temps du trajet. Dès que les cargos ravitailleurs se dockèrent au Stepanakert, Ori'n reprit contenance et rejoignit le pont de son croiseur ou l'équipage l'accueillit sous les vivats. Elle s'installa à nouveau derrière son pupitre, et Montgomery Tusk lui fit un briefing détaillé de tout ce qui s'était passé pendant les dix minutes interminables qu'avait duré son absence.

[Adm. O. Corde] Bon ... reste à décider quoi faire des pirates maintenant. Je me contrefous des vaisseaux Tusk. Laissez-les à qui les voudra. En revanche, le capitaine Kelly Brian doit impérativement être placé sous notre garde. Lui, ses proches, et au moins son équipe de pont. Je leur ai promis qu'il ne leur arriverait rien. J'ai l'intention de tenir cette promesse. Quand aux décombres de la bataille, assurez nous un bon tiers des parts, et laissez leur le reste. S'ils nous laissent Brian, je suppose qu'on peut bien leur laisser quelques pièces détachées.

Vous agissez désormais avec mon autorité. Et si ça ne suffit pas à ce Panaikos, passez le moi dans mes quartiers. Quand aux nouveaux là-bas (elle fit un signe du menton en direction des échos radars de la flotte néoromaine sur la carte de bataille) ... Je ne sais pas trop quoi penser d'eux. Usez de persuasion. S'ils reconnaissent les grades de la flotte fédérale, ça ne devrait pas être trop difficile. Sur ce Capitaine, je vais me reposer.

Et Ori'n quitta le pont pendant que le capitaine Tusk reprenait ses communications avec les deux autres flottes afin d'organiser la récupération et le transfert des prisonniers.

Invitation

Tusk réceptionna la communication de la Nouvelle Rome. Ces derniers semblaient très désireux d'établir des relations diplomatiques durables avec la DSF. Toutefois, il n'avait pas l'autorité pour conduire de telles discussions. Aussi répondit-il de la sorte :

[Cpt. M. Tusk] Monsieur, l'Amirale Corde m'a donné autorité pour discuter en son nom avec vous et le commodore Panaikos du statut des prisonniers, de la récupération des deux frégates, et du ferraillage du champ de bataille. Je ne détiens cependant aucune autorité pour échanger avec vous sur la question d'une coopération ultérieure qui dépasse le cadre de cette bataille. Je vous envoie néanmoins une invitation cordiale à discuter avec l'Amirale Corde d'ici une semaine, de la nature de nos relations ultérieures. Le Stepanakert fera un excellent terrain de rencontre.

Résultats des combats