Tau Inanis - Dans le désert

Changement d'air ...

C'était le moins qu'on puisse dire. Après la direction de la flotte par les bons soins de deux Corde, passer sous le commandement d'une énergumène telle que Dina Quayl'Umbra avait le don de mettre tout le corps des officiers sur les nerfs, et d'amuser énormément les hommes de la troupe. A bord de l'Aldebaran, Dina était, la plupart du temps, introuvable. Et en règle générale elle se trouvait toujours au dernier endroit ou l'on s'attendait à rencontrer une amirale. Même suppléante. Même sans vrai grade. On la trouva ainsi plus d'une à bidouiller un chasseur Hawk, à triturer dans le cambouis sur un VBCI embarqué à bord du croiseur, ou à jouer avec l’électronique délicate et complexe qui régissait le fonctionnement du générateur d'alcubierre. Bref, elle bossait souvent à tout, sauf à ses tâches de commandement. Et c'était donc Bobby Hackermann, capitaine de l'Aldebaran, qui devait gérer la gestion quotidienne de la flotte, et notamment gérer les nombreux conflits interpersonnels qui opposaient régulièrement le tout jeune promu "Capitaine Hadreck" du Rhine, et son homologue du Cernesta : Helena Derreck. Deux personnalités au tempérament de feu, l'une vétérane de la guerre Xenos, l'autre homme du rang compétent, mais fraichement promu.

Inutile de dire que l'ambiance était donc électrique, et que Bobby passait le plus clair de son temps à distribuer des sanctions disciplinaire. Et le pire, c'est probablement qu'il devait aussi, à chaque fois, visiter Dina et lui demander son approbation, s'il ne voulait pas qu'elle lui fasse une scène. Et chacune de leur conversation se déroulait invariablement de la même manière : Bobby expliquait le problème à la Telaari, debout au dessus d'un convecteur d’énergie, pendant que Dina trifouillait un bidule électronique, et faisait fonctionner son fer à souder à plein régime, forçant le capitaine à élever la voix et parfois même à crier au point d'alerter les membres d'équipage qui passaient par là. Dina hochait la tête, lâchait un "humhum" au moment opportun, lui souriait une fois de temps en temps et la conversation terminait toujours de la même manière :

[B. Hackermann] Tu n'as pas compris un traître mot de ce que je viens de dire n'est-ce-pas ?
[D. Quayl'Umbra] En fait j'ai pas écouté. Mais fait donc ce que t'as dit. Ca avait l'air très bien.
[B. Hackermann] Quoi ce que j'ai dis ?
[D. Quayl'Umbra] Tu sais, le truc là ... avec les bidules.

Cela avait en règle générale le don de plonger le capitaine dans une colère noire. Il partait en ronchonnant et en murmurant dans sa barbe et retournait faire comme bon lui semblait. Mais il lui pardonnait ensuite. D'abord parce qu'il l'aimait. Vraiment. Et ce genre de conversation était justement ce qui l'avait rendu amoureux. Et ensuite parce qu'il ne pouvait pas lui en vouloir d'être distraite : elle avait perdu sa mère, ou ce qui s'en approchait le plus, il y a moins d'un an, et n'avait pas encore eut l'opportunité d'en faire le deuil et de la pleurer. Il y avait toujours quelque chose à faire. Toujours une urgence à gérer. Alors il prenait sur lui. Et puis, il savait aussi qu'elle faisait ça pour tester la loyauté de ses subordonnés. Une fois, et une seule fois, Hadreck, qui ne la connaissait pas assez, s'était amusé à lui raconter des cracks et avait fait comme il l'entendait ensuite. Il n'avait plus jamais recommencé. Dina était douée pour la mécanique, et l'ingénierie. Elle ne comprenait pas grand chose au reste. C'est à peine si elle savait lire d'ailleurs. Mais ne la prenez jamais pour une sotte. Elle écoutait bien, et faisait fonctionner sa mémoire phénoménale et ses méninges pour au moins survoler le sujet et savoir de quoi on parlait au juste. Hadreck l'avait appris à ses dépends quand Dina avait débarqué à bord du Rhine, le teint violacé, pour lui flanquer un coup de poing dans la figure et saccager son bureau. Juste histoire de lui rappeler qui commandait. Et depuis, c'était un sujet de conversation très apprécié lorsque les soirées atteignait le stade "Blagues potaches et commérages".

Bref, la flotte faisait son petit bonhomme de chemin, et bientôt, elle arriva dans le système de Tau Inanis, initiant les scans préliminaires. Puis, lorsque les premiers rapports tombèrent, Dina donna les ordres pour disperser la flotte et scanner les différents corps du système en profondeur ...

Rapport de situation

Threat

Toute la flotte orbitait lentement autour du monde océanique. Les scans préliminaires donnaient d'excellents résultats pour cette dernière. Dina commençait à croire qu'ils avaient trouvé leur monde d'accueil dans cette nouvelle galaxie. Une planète ou ils pourraient s'installer. Un monde ou ils seraient en sécurité et ou tout le monde pourrait commencer une nouvelle vie. Loin de la guerre. Loin des horreurs qu'ils avaient trouvé dans la voie lactée.

Hélas, la situation devait tourner au vinaigre rapidement. Une seconde flotte sortit de warp dans le système. Elle était sensiblement moins puissante que la flotte militaire du Secteur Derylion, mais constituait néanmoins une menace sérieuse à l'établissement futur des colons dans le système. Dina était déjà désolée pour ce qu'elle allait demander à Bobby Hackermann.

[D. Quayl'Umbra] Fous leurs les jetons ! Dit-elle sans autre forme de procès alors qu'elle débarquait sur le pont de commandement de l'Aldebaran.
[B. Hackermann] Vos désirs sont des ordres madame, dit le capitaine en faisant volte-face vers son enseigne des communications. Ouvrez un canal.

Et l'instant d'après, au top, Hackermann était en ligne avec les officiers de la Nouvelle Rome. Sa flotte pivotait et se mettait lentement en position. Le Rhine à l'arrière, couvert par les quatre destroyers Azincourt de la flotte, les deux Caspadene au premier rang, couverts par deux croiseurs lourds Nairobi et trois croiseurs de classe New York. Les escadrilles de corvette, pour leur part, volaient en formation entre les vaisseaux de la flotte ... Hackermann envoya son avertissement :

[B. Hackermann] Ici le capitaine Hackermann, à la flotte inconnue ayant pénétrer dans le système. Ce territoire est déclaré zone de sûreté militaire et de sécurité pour les Forces de Derylion. Les planètes qui le compose sont classées zone interdite. Veuillez décliner vos identités et motivations ou vous serez engagés par nos bâtiments de guerre.

Soyez informés que nous protégeront notre future colonie au péril de notre vie si le besoin s'en fait sentir.

Landing

Les scans étaient terminés. La planète était viable et colonisable. Les vaisseaux derylioniens descendirent donc les uns après les autres à la surface, rejoignant le site de "New Providence" : la capitale de ce qui deviendrait dans le courant de l'année, le Protectorat de Concord. Les cargos se posèrent alors les uns à côtés des autres, débarquant une foule de colons dont certains n'avaient jamais connu la gravité naturelle, l'air frais, voire même l'air de l'océan. Certains ne purent pas sortir bien sûr. Il fallait d'abord qu'ils s'adaptent à la gravité à la surface de la planète. On mit donc en place des cellules spécialisées d'entrainement pour renforcer leur musculature.

Les Marines fédéraux furent mis à contribution pour faire office de police tandis qu'autour de la colonie poussait une ville de tentes et d'installations utiles : petites infirmeries, épiceries, centres d'acquisition ...

Ces derniers étaient chapeautés par l'armée. On y distribuait les rations, et assignait les parcelles et métiers des futurs habitants en fonction de leurs qualifications. Les soldats répartissaient ainsi les gens en fonction des besoins et de la qualification la plus élevée de la personne concernée, afin de garantir à tous que les besoins de la colonie serait rapidement atteint.

Naturellement, tant que les stocks étaient encore valide, on ne se focalisa ni sur l’énergie, ni sur la production de ravitaillement, et encore moins sur celle de nourriture. Les instructions de la spécialiste Quayl'Umbra étaient claires : s'assurer avant toute chose de disposer d'une capacité de production industrielle à la hauteur des besoins de la colonie. Il fallait d'abord s'assurer que l'on pourrait construire et entretenir de nouvelles installations avant de se lancer effectivement dans l'assemblage de ces dernières.

En orbite, la flotte restait vigilante. Et lorsque le groupe de Chi Inanis rejoignit finalement la colonie, on accueillit l'Amirale Corde par une haie d'honneur et un salut au drapeau. Ainsi naquit le Protectorat.

Spoiler:

Départ